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24/10/2019
La bande-annonce donnait des frissons et je me doutais que le film ne réussirait pas à tenir cette énergie et cette émotion sur 2h mais j'avais quand même envie d'y croire. Les deux compères à la réalisation avaient pillé l'œuvre d'Einaudi pour leur carton "Intouchables" et j'étais curieux de voir si le choix musical de la bande-annonce (l'excellent " Bloodflow" ) annonçait la découverte de nouveaux sons qui berceraient mes trajets en RER.

La scène d'ouverture semble calquée sur celle d'"Intouchables" et régulièrement nous retrouverons quelques tics de réalisation qui rappelleront le film aux 19 490 688 entrées !  Quand cela concerne le choix des acteurs, il est difficile de faire la fine bouche : après Omar Sy et Daniel Auteuil, ce sont Reda Kateb et Vincent Cassel qui sont en tête d'affiche et les deux sortent une prestation parfaite.

Côté histoire, je suis resté longtemps circonspect puisque j'avais anticipé un film plus centré sur les autistes que sur notre vision de l'autisme ! Car c'est bien là que se situe le film, sur la façon dont l'état et la société agissent envers les personnes "différentes". J'ai retrouvé mes interrogations de petit professeur de collège confronté à des élèves parfois tellement déstructuré que leur apprendre les maths n'a pas d'autre sens que de leur apprendre à vivre en communauté.... alors qu'ils n'en sont pas vraiment capables à ce moment-là.

Que proposons-nous pour ces personnes ? La fameuse inclusion qui me fait hurler car, si elle se fait sans aide, sans préparation, sans encadrement, elle me semble vouée à l'échec. Que faire de personnes qui ne "rapportent rien", en tout cas au sens pécunier du terme ? Je n'ai pas de réponse, de la même manière que je ne sais pas ce qu'il faut faire des personnes "folles" sachant que la définition de ce terme mène déjà à des débats sans fin. Cela pourrait rejoindre les questions sur le monde du travail, sur l'automatisation qui fait que la main d'œuvre nécessaire est de moins en moins importante alors que la population augmente....

Le film s'appuie sur une histoire vraie sans en rajouter, avec une association qui existe et qui tente, à sa manière, d'aider. En face l'État râle et vient mettre des bâtons dans les roues des administrateurs. C'est l'occasion de faire un tour de table à travers des entretiens en tête à tête qui rythment le film et donnent des sons de cloche que l'on entend trop rarement : la médecin de l'hôpital, la maman de  l'un des jeunes hommes, l'employeur qui aura tenté d'aider et évidemment les deux personnages principaux.

Toute l'histoire se déroule assez "facilement" mais, petit à , les effets de manche un peu visible, les rebondissements attendus, les petites répliques bien senties, se rejoignent pour aboutir à une conclusion absolument parfaite. Pas de grandes leçons, juste une interrogation que l'on pourrait résumer en deux mots : "Et maintenant ?".

En effet, que penser, que faire, que dire ? On ne peut pas dire qu'on ne connaît pas la situation, on ne peut pas faire comme si cela pouvait continuer à tourner uniquement sur la bonne volonté de certains qui prendront tout dans la gueule au moindre problème, on ne peut pas penser que ça changera tout seul.... mais quand on écoute autour de nous, il faut un état qui dépense le moins possible, chacun doit penser à sa gueule et si on peut écraser l'autre pour réussir, ce serait dommage de s'en priver. A coté de cela, il ne faut pas mettre de notes pour ne pas traumatiser les gamins à l'école mais des vignettes vertes/oranges/rouges... on est vraiment dans un drôle de monde et, quel que soient les politiques à sa tête, rien ne change...

On va encore dire que je n'aime que les films déprimants mais "Hors Normes" n'est pas déprimant, il ne cherche pas à faire pleurer les spectateurs, il ne cherche pas à faire un catalogue des différentes formes d'autismes, il montre juste deux personnes qui essayent, qui ont des réussites et des échecs mais surtout qui ont réussi à ne pas perdre la foi ce qui est un bel exploit (et il n'en rajoute pas sur les religions ce qui est tout à son honneur).

Oui, ce film a mis du temps à me convaincre mais vous sortirez sûrement de la salle avec une petite boule au ventre, ce qui est un bon indicateur chez moi et me fait d'autant plus râler quand je vois que  son box-office a du mal à décoller. J'espère que vous rajouterez quelques entrées et que vous arriverez à mettre de côté les quelques défauts du film pour, au final, l'apprécier autant que moi :-)
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